Méthodologie : Pour réaliser cette article, nous avons réalisé deux entretiens semi-directifs. Les personnes que nous avons interviewé sont :
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Comment on se forme aujourd’hui en France ?
Une digitalisation de l’enseignement supérieur.
Durant la pandémie mondiale, les méthodes d’apprentissages classiques ont été modifiées. Le système scolaire a dû faire preuve d’adaptabilité. Pour cela, l’ordre étant de rester chez soi, l’ensemble des classes ont été proposées en visioconférence. Le corps enseignant et les élèves ont dû faire face aux nouvelles mesures tant dans le primaire que le secondaire.
La digitalisation du système académique s’est faite grâce (ou à cause ?) à l’épidémie mondiale de la Covid-19. En effet, nous avons remarqué une véritable transformation du système scolaire. Les corps enseignants ont fait preuve d’agilité dans leurs méthodes d’enseignement et le seul moyen afin de faire celà a été la digitalisation de l’école. Nous entendons par cela les cours en visio via Teams ou un autre outil digital. Par exemple, Vincent Hammoudi, fondateur de la plateforme OpenClassroom, remarque une véritable mutation des habitudes de travail. Il permet aujourd’hui d’exercer à ses employés complètement en distanciel. C’est la fin du pointage au travail mais alors qu’en est-il pour l’éducation ? Il propose à ses étudiants plus d’horaires des cours. Pour augmenter le taux d’engagement, il propose de suivre des cours “à la carte” via une plateforme où tout le monde peut avancer à son rythme.
Digitalisation du système : positif ou négatif ?
L’enseignement à distance permet de faciliter l’accès aux études, mais aussi d’obtenir un diplôme.
Les apprenants suivant une formation en ligne passent énormément de temps sur leur ordinateur et d'autres appareils de ce type. Cela peut entraîner de la fatigue visuelle, la survenue de mauvaises postures ou d'autres problèmes physiques, qui peuvent l’affecter. De plus, certains apprenants ne vivent pas dans des conditions permettant un enseignement à distance optimal, que ce soit au niveau du logement, des problèmes matériels, ou de l’environnement familial. Malgré ses inconvénients, la formation à distance offre une belle opportunité aux étudiants qui s'efforcent d'avoir d’avantages d'options et d'apprendre avec plus de confort. Le plus gros point positif de l'apprentissage en ligne est qu'il permet d'accéder à différents outils d'apprentissage avec un petit budget.
Du point de vue de l’organisme de formation, l’éducation à distance permet d’obtenir plus d’adhérents provenant de différents pays. De ce fait, cela augmente la notoriété des écoles et notamment des grandes écoles qui seront donc plus prisées. La situation géographique ne sera plus un frein. Ce phénomène est en train de faire basculer l’éducation comme étant une forme de commerce de services, comme le fait l’AGSC (accord qui a pour but de faire évoluer la croissance économique du commerce de service au niveau international). “[…] alors que le Gatt, centré sur le commerce des biens (industrie et matières premières), n’incluait pas l’éducation dans la liste des services à libéraliser, l’AGCS le fait dorénavant.” (Pierre Moeglin, Gaëtan Tremblay ; 2008).
Pouvant suivre les enseignements des écoles se trouvant dans le monde entier, les apprenants devront être parfaitement bilingues. Il s’agit d’une compétence aujourd’hui indispensable afin de s’insérer professionnellement.
L’apport des métavers dans le système éducatif.
L’utilisation des métavers apporterait une facilité supplémentaire pour les élèves : la mobilité notamment. En effet, elle est l’un des points contraignant actuel de l’éducation, toutes les grandes écoles sont localisées en métropole. Les étudiants vivant en ruralité n’ont pas forcément les moyens financiers d’aller vivre dans ces villes afin d’étudier dans une bonne école. Le métavers est un moyen qui permet de pallier cette contrainte de mobilité.
Le métavers permettrait à certains élèves de profiter des enseignements à distance des écoles. Logistiquement parlant, ce type d’enseignement pourrait faire baisser les coûts logistiques, généralement coûteux, dû à la poursuite d’étude hors de leur secteur géographique. D’autant plus que l’utilisation de Roblox Education en Californie suscite déjà l’intérêt des collégiens (notamment via la création d’un jeu vidéo type “open world”), ce serait surement une bonne passerelle pour introduire le metavers dans l’éducation.
Cependant, comme beaucoup d’entre nous l’ont ressenti durant les différents confinements, le distanciel pose problème : celui de la socialisation. Effectivement, une grande partie des élèves du monde entier à souhaiter retrouver les salles de cours en grande partie pur cela (Preston, (2021)). Les élèves ont eu besoin de retrouver une vie sociale en dehors d’une webcam. Cela représente un softskill important en entreprise : savoir aller vers les autres, échanger et travailler en groupe.
Concrètement, si les études supérieurs ne se faisaient pas en classe mais via le métavers, cela se représenterait de la manière suivante : les élèves achèteraient via des cryptomonnaies ou monnaie classique des places dans les amphithéâtres du métavers afin de participer aux cours donnés par des professeurs, eux-mêmes, représentés sous formes d’avatars. En se basant sur notre interview avec Vincent Hammoudi, nous pouvons amener la notion de “casser les frontières continentale” grâce au monde virtuel. Ainsi les écoles virtuels et digitales pourront disposer d’une plus grande diversité de culture des étudiants. Est-ce la fin des exclusions territoriales pour les études supérieures ? DOM/TOM enfin rassemblés avec la métropole pour l’exemple français. Cela permettra-t-il également de limiter le phénomène “la fuite des cerveaux”?
Selon les commentaires de Nicolas Spatola sur l’arrivée de cette nouvelle technologie : “il s’agit d’une véritable opportunité”. Faire la formation devient plus intéressant que devoir se déplacer. Ce système permet de transmettre les informations de différentes manières.
La métaverisation est en cours.
Twittter, Youtube et l’ensemble des réseaux sociaux viennent, petit à petit, bouleverser nos habitudes voir les transforment. En effet, les réseaux facilitent l’accès à la culture. Par exemple, nous pouvons trouver des vidéos explicatives de différents concepts, des interventions de grands professeurs. Le tout sans bouger de chez nous ! Par conséquent, est-il encore nécessaire de se déplacer ou bien de régler des frais de scolarité afin d’accéder à l’apprentissage ? Est-il nécessaire de parfois changer de département, région ou encore pays pour accéder à l’éducation ?
La mutation des comportements et des habitudes changent en fonction des nouvelles technologies. Ces changements ont toujours existé avec notamment avec l’apparition d’internet. Dans les années 1990 et la naissance de cette technologie, personne ne pensait que ce phénomène perdurerait et aujourd’hui internet à prit une place majeure dans les habitudes. Vincent Hamoudi, utilise cet exemple pour expliquer que la métaverisation de l’éduction est en train de se développer et dans le futur avec le recul que l’on aura sur cela, les habitudes et les comportements se modifieront peut-être naturellement comme ça a été le cas avec internet.
Se former grâce au métavers représente un réel changement en comparaison des méthodes d’apprentissages d’aujourd’hui. Indéniablement, les apprenants recevront une formation technique équivalente que s’ils étaient en salle de classe. Le véritable enjeu de formation se trouve au niveau des soft skills, toutes les compétences comportementales acquises au cours d’interactions sociales seront absentes car les interactions sociales seront différentes. Ils n’apprendront pas par exemple la communication non-verbal mais pourront acquérir de nouvelles « normes ». Il sera possible de parler de ses « nouvelles normes » lorsque ce monde sera développé.
Les limites technologiques de la métaverisation.
Nous sommes ici face à une réelle question. Nous parlons : métavers, digitalisation, web... Des termes bien barbares pour les personnes vivants en zone blanche. Une zone blanche est, dans le domaine des télécommunications, une zone du territoire qui n’est pas desservie par un réseau donné, plus particulièrement un réseau de téléphonie ou par Internet. Plus clairement, les personnes n’ont pas accès à internet donc ils n’ont pas pu étudier ou encore télétravailler. Nous pouvons constater ici une première limite : avant de partir étudier ou travailler sur le métavers, il faudrait basiquement pouvoir accéder au moyen de connexion.
De plus, nous captons actuellement dans un grand nombre de villes le réseau mobile de la 5G. Mais les réseaux de télécommunication sont-ils assez puissants pour supporter l’entrée dans le métavers ? Et surtout derrière ces aspects de communication, n’existe-t-il pas un autre sujet d’actualité ? La limite environnementale. En effet, la 5G se révèle être plus rapide que la 4G mais également beaucoup plus énergivore. Nous n’évoquerons pas non plus les milliers de smartphone qui seront remisés car ils ne pourront pas capter la 5G. Si de tels débats sont mis en avant avec l’avènement de la 5G, qu’en sera-t-il pour le déploiement d’un monde via le métavers ?
Finalement, vouloir prendre le tournant d’un système digital via les métavers peut-être une réelle avancée technologique. Cependant, actuellement cette technologie ne serait pas accessible à tous. Alors que l’école, elle, est universelle, il suffit de se déplacer dans ce lieu d’apprentissage pour acquérir les connaissances nécessaire afin d’exercer son futur métier.
Nous avons précédemment vu que les métavers permettront d’accéder aux cours de chez soi. Il sera possible de suivre une formation de n’importe quelle université en France ou à l’étranger. Quand nous faisons le choix d’une école de commerce ou d’ingénieur, la sélection de l’école se fait en fonction de son classement mais également en fonction de l’expérience école. La notion d’appartenance à une école, à une seconde famille est très importante. Grâce à l’expérience école, un vrai réseau se construit durant sa scolarité. C’est pourquoi, il est facile de se poser la question de ce que va devenir la notion d’unité collective et d’appartenance à l’école ? Que vont devenir les associations de sport comme le bureau des sports qui proposent des sports d’équipe si les étudiants sont aux quatre coins du monde.
Selon Vincent Hamoudi, le manque de social via un lien humain risque de causer des échecs scolaires et augmenter le taux de déscolarisation. Pour contrer ce phénomène, via leur plateforme d’apprentissage en ligne : ils ont décidé d’intégrer du tutorat dans leur service et programme. De fait, via un fort taux d’engagement des étudiants, la plateforme a connu un véritable succès.
Cependant, nous pouvons affirmer que ce modèle ne fonctionne pas pour l’ensemble des domaines d’apprentissages. Par exemple, les étudiants en médecine ne seront pas confrontés au manque de lien car de la pratique est obligatoire pour leur future profession. L’apprentissage via le métavers ne sera pas possible au même titre qu’il ne sera pas possible d’opérer un patient sur le métavers !
Via ce manque de socialisation ou de lien de social, les futurs étudiants acquièrent-ils les soft skills qui sont recherchés par les recruteurs ou bien les recruteurs se baseront sur de nouvelles compétences pour le recrutement des talents de demain. Nous tendons vers un modèle managérial qui de lui-même va évoluer en fonction du marché.
Finalement, qui croyait en internet à sa sortie ? Personne... Pourtant, aujourd’hui, plus personne ne peut s’en passer ! Peut-on s’attendre au même phénomène avec les métavers ? L’ensemble de nos recherches et interviewés n’y croient pas mais si nous analysons en détails, pas mal d’avantages sont à prendre en compte. Lors de la généralisation de l’enseignement via le métavers, nous pourrons avoir accès à un choix d’universités énormes en France et à l’étranger. Les contraintes géographiques ne seront plus qu’un lointain souvenir, si nous faisons le choix d’une université proche ou loin de notre domicile. Le large choix d’université entraînera le multiculturalisme des promotions ce qui engendrera des cours dispensés en anglais, réel atout pour l’insertion dans la vie professionnelle. De plus, les étudiants pourront apprendre les normes et valeurs de différentes cultures dans le but de s’insérer au mieux sur un futur poste pouvant se trouver à l’international. Cela représente un second atout. En effet, les futurs employés, du fait de leurs apprentissages via le métavers, auront des soft skills différentes des compétences actuelles mais des compétences quand même. Cette nouvelle génération portera un regard différent sur le sentiment d’appartenance à une entreprise ou une école, ou tout simplement sur la manière de gérer ses interactions sociales.
Dans une prochaine étude et lorsque le métavers sera développé, il sera intéressant de s’intéresser à la gestion des interactions sociales.
- Preston, J. (2021). Facebook, the metaverse and the monetisation of higher education. Impact of Social Sciences Blog
- Fréry, F. (2022). Chapitre 12. Pourquoi payer pour faire une école de commerce?. Transformation digitale et enseignement supérieur: Comment seront formés les managers de demain?, 122.
- Roussel, F. G. (2015). Culture des métavers et culture académique. Quelles interactions?. Communication. Information médias théories pratiques, 33(1).
- Armand, A. E., & Etienne, P. E. R. É. N. Y. (2013). Les avatars jouables des mondes numériques: théories, terrains et témoignages de pratiques interactives. Lavoisier.
- Soupizet, J. F. (2021). Idées & faits porteurs d’avenir.