Lettres inédites à C. de Blignières

" Je regrette que vous ayez tant tardé à profiter de ma cordiale invitation de correspondance. Mais je rends pleine justice aux motifs consciencieux qui ont surtout déterminé une réserve où la timidité proprement dite a eu peu de part. Toutefois, j'espère que mon empressement à vous répondre, au milieu des touchantes perturbations, du moment, vous inspirera désormais plus de confiance, maintenant que vous avez enfin rompu ce noble silence. L'action individuelle, orale et écrite, fait aussi une partie essentielle de ma fonction philosophique. Ce devoir naturel me procure d'ailleurs un fréquent bonheur, et je ne crois pas que personne soit plus propre que vous à développer cette douce connexité. Avant de commencer cette réponse, je viens de relire votre excellente lettre, qui m'a satisfait encore mieux qu'avant hier, tant de coeur que d'esprit. Habitué à saisir rapidement la relation de tout ce que j'éprouve avec la grande mission que l'humanité m'assigne, ces lectures m'ont procuré une satisfaction qui n'est pas seulement personnelle. Quoique j'apprécie beaucoup la douce récompense que mes travaux reçoivent par une reconnaissance aussi touchante que la vôtre, je suis encore plus sensible aux garanties qui résultent de l'ensemble de votre lettre pour le digne ascendant prochain de la philosophie dont la fondation m'est échue d'après la marche totale du passé. " - Auguste Comte -

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