L'apport des neurosciences dans les sciences humaines et .... les sciences de gestion
Les neurosciences sont en train d'envahir la psychologie, le management, le marketing , voire même l'éthique. Elles s'efforcent d'établir des liens entre les fonctions du cerveau et la manière de penser. Elles ont inspiré notamment des techniques comme la PNL et les thérapies comportementales, dont les effets dans le cadre de thérapies brèves sont indéniables.
En même temps, elles font l'objet d'une certaine critique dans la mesure où elles excluent de leurs recherches d'autres disciplines comme l'anthropologie, la psychanalyse, la linguistique, la sociologie, etc...en ramenant l'individu à la seule dimension neurophysiologique . Du coup, elles semblent relever d'une approche qui paraît très mécaniste.
Cependant leur contribution n'est pas sans intérêt. Freud d'ailleurs lui même avait exploré cette hypothèse mais les technologies de l'époque ne permettaient pas d'établir des liens probants entre certaines fonctions cognitives, certains comportements et les différentes aires du cerveau. Avec l'imagerie médicale c'est aujourd'hui possible.
Mais, penser que les comportements humains ne relèvent que de cette seule causalité parait bien réducteur. Déjà en 1935, Paul Valéry , nous invitait a être très prudent à l'égard de ceux qui affirmaient voir - à son époque - l'esprit au bout de leur scalpel:
"Veuillez donc supposer que les plus grands savants qui ont existé jusqu'à la fin du XVIII siècle, les Archimède et les Descartes, étant assemblés en quelque lieu des Enfers, un messager de la Terre leur apporte une dynamo et la leur donne à examiner à loisir (...). Ils la font démonter, en interrogent et en mesurent toutes les parties. Ils font en somme tout ce qu'ils peuvent... Mais le courant leur est inconnu, l'induction leur est inconnue; ils n'ont guère l'idée que de transformations mécaniques. Ainsi tout le savoir et tout le génie humain réunis devant ce mystérieux objet échouent à en deviner le secret, et à deviner le fait nouveau qui fut apporté par Volta (...), Ampère, Ørsted,Faraday, et les autres (...) [C'est] ce que nous-mêmes faisons quand nous interrogeons un cerveau, le pesant, le disséquant, le débitant en coupes minces et soumettant ces lamelles fixées à l'examen histologique" (Paul Valéry, Variété III, Le bilan de l'intelligence, 1935)
En même temps, elles font l'objet d'une certaine critique dans la mesure où elles excluent de leurs recherches d'autres disciplines comme l'anthropologie, la psychanalyse, la linguistique, la sociologie, etc...en ramenant l'individu à la seule dimension neurophysiologique . Du coup, elles semblent relever d'une approche qui paraît très mécaniste.
Cependant leur contribution n'est pas sans intérêt. Freud d'ailleurs lui même avait exploré cette hypothèse mais les technologies de l'époque ne permettaient pas d'établir des liens probants entre certaines fonctions cognitives, certains comportements et les différentes aires du cerveau. Avec l'imagerie médicale c'est aujourd'hui possible.
Mais, penser que les comportements humains ne relèvent que de cette seule causalité parait bien réducteur. Déjà en 1935, Paul Valéry , nous invitait a être très prudent à l'égard de ceux qui affirmaient voir - à son époque - l'esprit au bout de leur scalpel:
"Veuillez donc supposer que les plus grands savants qui ont existé jusqu'à la fin du XVIII siècle, les Archimède et les Descartes, étant assemblés en quelque lieu des Enfers, un messager de la Terre leur apporte une dynamo et la leur donne à examiner à loisir (...). Ils la font démonter, en interrogent et en mesurent toutes les parties. Ils font en somme tout ce qu'ils peuvent... Mais le courant leur est inconnu, l'induction leur est inconnue; ils n'ont guère l'idée que de transformations mécaniques. Ainsi tout le savoir et tout le génie humain réunis devant ce mystérieux objet échouent à en deviner le secret, et à deviner le fait nouveau qui fut apporté par Volta (...), Ampère, Ørsted,Faraday, et les autres (...) [C'est] ce que nous-mêmes faisons quand nous interrogeons un cerveau, le pesant, le disséquant, le débitant en coupes minces et soumettant ces lamelles fixées à l'examen histologique" (Paul Valéry, Variété III, Le bilan de l'intelligence, 1935)
Des découvertes qui invitent à repenser l'apprentissage dans la formation
Le monde de l'éducation est particulièrement séduit par cette approche parce qu'elle fournit des explications concrètes et des solutions potentiellement immédiatement actionnables par les enseignants pour favoriser les apprentissages. S'inspirant de cette référence, Stanislas Dehaene (2014), psychologue cognitif, neuro scientifique et professeur au Collège de France, a mis en évidence quatre facteurs qui déterminent la vitesse et la facilité d’apprentissage:
- L'attention qui permet de sélectionner l'information et de rester concentré sur un objet précis. Pour que cette concentration soit possible, il faut que l'apprentissage soit abordé d'une manière plus attractive que les préoccupations ou émotions internes du moment qui agitent le sujet.
- L'engagement actif est largement facilité par la variété des apprentissages et la mobilisation du corps. Il a été prouvé que la variété des exercices permettait une meilleure mémorisation que le temps passé à étudier. De ce point de vue, les méthodes agiles sont particulièrement intéressantes dans la mesure où elles mobilisent l'imaginaire de façon ludique, se pratiquent debout et favorisent l'expression de chacun dans la réflexion. Hippocrate ne conseillait - il pas déjà en son temps de "déambuler" pour mieux apprendre ?
- Le retour d'information a aussi un impact bénéfique sur l'apprentissage. Les retours positifs permettent de consolider l'estime de soi tandis que les retours négatifs aident le sujet à se situer par rapport à une norme à atteindre. L'absence de feedbacks ne permet pas aux individus de se construire.
- La répétition : Pour mémoriser une information, notre cerveau a besoin de trois passages au minimum; pour intégrer une nouvelle habitude, il a besoin de 21 jours. La fonction de répétition est donc une composante essentielle de l'apprentissage. Mais pour qu'elle soit acceptée, il faut nécessairement la présenter sous des formes diverses.
Libérer l'esprit pour naviguer dans le monde des disruptures
Selon Edgar Morin (1973), notre capacité à accéder au réel est limitée par le paradigme dans lequel nous sommes inscrits. Un paradigme, dit - il, "prescrit et proscrit", c'est à dire qu'il nous ordonne de penser d'une certaine façon et nous interdit de penser d'une autre. On peut définir simplement un paradigme comme un référentiel de normes auxquelles nous adhérons à "l'insu de notre plein grès", la plupart du temps en toute inconscience. Ces normes conditionnent nos représentations et à travers elles nos comportements, nos analyses et nos prises de décision. Certains parlent à ce sujet de colonisation de nos esprits (Gori R., 2013).
Pour Idriss Aberkan (2016), l'éducation a un rôle particulièrement important dans la construction de la matrice cognitive qui nous permet d'appréhender le réel. Elle prépare, en particulier à travers la manière dont le savoir est transmis, à un univers ordonné qui n'existe plus. Cela crée une contradiction fondamentale avec les disruptures auxquelles les individus sont aujourd'hui en permanence confrontés. Formatés à un mode de penser exclusivement analytique, linéaire et séquentiel il leurs devient difficile de comprendre et de supporter sans douleur le nouvel environnement complexe et imprévisible de l'économie schumpétérienne, auquel finalement ils n'ont pas été préparés.
Pour mieux naviguer dans ces nouveaux espaces, Idriss nous propose de mettre en place une démarche de neuroergonomie à travers la pratique 7 exercices qu'il qualifie de "gymnoetique"
Pour Idriss Aberkan (2016), l'éducation a un rôle particulièrement important dans la construction de la matrice cognitive qui nous permet d'appréhender le réel. Elle prépare, en particulier à travers la manière dont le savoir est transmis, à un univers ordonné qui n'existe plus. Cela crée une contradiction fondamentale avec les disruptures auxquelles les individus sont aujourd'hui en permanence confrontés. Formatés à un mode de penser exclusivement analytique, linéaire et séquentiel il leurs devient difficile de comprendre et de supporter sans douleur le nouvel environnement complexe et imprévisible de l'économie schumpétérienne, auquel finalement ils n'ont pas été préparés.
Pour mieux naviguer dans ces nouveaux espaces, Idriss nous propose de mettre en place une démarche de neuroergonomie à travers la pratique 7 exercices qu'il qualifie de "gymnoetique"
Prolégomènes pour une gymnastique de l'esprit
1°) Pratiquer la subjectivité limpide :
Cette pratique consiste à observer le fonctionnement de notre esprit à travers nos expériences quotidiennes pour prendre conscience de la manière dont nous entrons en interaction avec les autres, les situations. Cet exercice n'est pas sans rappeler celui de la méditation conseillé par Karlfried Graf von Durckheim (2014). Ce sont les "prises de conscience" permanentes et répétées qui conduisent peu à peu l'esprit à se désaliéner des routines, des automatismes, des filtres provenant des apprentissages et de la mémoire passée. Il est important de commencer à s'observer. Observer ne signifie en rien "se juger" mais percevoir comment nous sommes "Ici et maintenant". Le quotidien devenant, dans cette perspective, un support au développement du discernement.
2°) Désinstaller une application:
En cybernétique, l'esprit humain est comparé un ensemble de logiciels qui se sont installés à travers les apprentissages conscients et inconscients qu'il a réalisés. Ceux - ci se sont opérés dans la relation avec les représentant(e)s de l'autorité que nous avons rencontré(e)s. L'adolescence est assimilée à une période où les individus tentent de désinstaller "les logiciels" qui leur ont été inculqués. La subjectivité limpide pratiquée régulièrement permet de prendre conscience des logiciels qui se sont installés à notre insu. Cette prise de conscience suffit à affaiblir leur influence.
3°) Passer de l'impuissance apprise à la puissance apprise:
Chacun d'entre nous a hérité d'interdits imaginaires quant à lui - même qui inhibent ses capacités de réflexion et d'action, l'enfermant dans une image de soi, appelé "ego" dans la tradition orientale. Celle - ci est une fiction qui a eu son utilité dans la mesure où elle a fourni à l'individu une première enveloppe pour le contenir mais il importe de ne pas la considérer comme définitive. L'énergie psychique est soit à l'état d'actualisation, soit à l'état de potentialisation. La conscience éclairée est tout à fait en mesure de re potentialiser des forces psychiques inutilement actualisées et inversement. Cela passe par ce que Berne appelait "la re permission", en se donnant de nouveaux droits". Cependant cette dynamique de changement personnel ne peut se faire une fois pour toutes. Il y a des résistances. Pour que "le vieil homme" (Krishnamurti, 1995) puisse supporter ce processus, il est important de commencer par de petites choses et de répéter les tentatives d'évasion avec persévérance pour que la libération puisse se faire.
4°) Cultiver la néophilie:
Il est fortement conseillé de faire ce 4° exercice qu'après avoir suffisamment expérimenté les 3 premiers. Cela consiste à tenter de faire fréquemment une nouvelle chose qu'on n'avait jamais faite avant d'entreprendre cette transformation. Il s'agit ici de cultiver sa passion du nouveau.
5°) Pratiquer l'exploration ou l'art de la flexibilité interne:
Cela signifie de s'efforcer de trouver un meilleur équilibre entre la conception qui relève de l'exploration et l'action qui incarne l'exécution. Si les résultats ne sont pas au rendez vous cela demande d'explorer d'autres alternatives et de faire preuve de flexibilité dans la réalisation. Le concept d'effectuation résume bien cet énoncé. Pour réussir dans un monde complexe et incertain, il n'est pas toujours efficace de se fixer un plan d'action trop rigide. Dans l'effectuation, ce qui importe c'est de commencer avec ce qu'on l'on a et de savoir saisir les opportunités qui se présentent au fur et à mesure sans craindre de remettre en cause le plan initialement envisagé.
6°) Pratiquer la méthode des lieux :
Il peut - être très utile de se créer des espaces imaginaires dans sa pensée pour pouvoir mobiliser rapidement les ressources cognitives nécessaires. La technique consiste à se construire des "palais intérieurs" pour pouvoir en cas de besoin déplacer très rapidement, en fonction des circonstances, sa conscience dans des espaces cognitifs différents.
7. Ignorer ses pairs
« L’intelligence repose sur la capacité à penser par soi-même, sans s’inquiéter de ce que pense autrui » : L'exercice de la liberté doit se traduire par des prises de position courageuses quand la conviction personnelle est là. Il est important de savoir échapper à la pression de conformité généralement imposée par les pairs, quand c'est nécessaire.
Pour bien mémoriser cette démarche, Idriss Aberkane propose l'acronyme SAINELP: Subjectivité, Application, Impuissance, Néophilie, Exploration, Lieux, Pairs
Cette pratique consiste à observer le fonctionnement de notre esprit à travers nos expériences quotidiennes pour prendre conscience de la manière dont nous entrons en interaction avec les autres, les situations. Cet exercice n'est pas sans rappeler celui de la méditation conseillé par Karlfried Graf von Durckheim (2014). Ce sont les "prises de conscience" permanentes et répétées qui conduisent peu à peu l'esprit à se désaliéner des routines, des automatismes, des filtres provenant des apprentissages et de la mémoire passée. Il est important de commencer à s'observer. Observer ne signifie en rien "se juger" mais percevoir comment nous sommes "Ici et maintenant". Le quotidien devenant, dans cette perspective, un support au développement du discernement.
2°) Désinstaller une application:
En cybernétique, l'esprit humain est comparé un ensemble de logiciels qui se sont installés à travers les apprentissages conscients et inconscients qu'il a réalisés. Ceux - ci se sont opérés dans la relation avec les représentant(e)s de l'autorité que nous avons rencontré(e)s. L'adolescence est assimilée à une période où les individus tentent de désinstaller "les logiciels" qui leur ont été inculqués. La subjectivité limpide pratiquée régulièrement permet de prendre conscience des logiciels qui se sont installés à notre insu. Cette prise de conscience suffit à affaiblir leur influence.
3°) Passer de l'impuissance apprise à la puissance apprise:
Chacun d'entre nous a hérité d'interdits imaginaires quant à lui - même qui inhibent ses capacités de réflexion et d'action, l'enfermant dans une image de soi, appelé "ego" dans la tradition orientale. Celle - ci est une fiction qui a eu son utilité dans la mesure où elle a fourni à l'individu une première enveloppe pour le contenir mais il importe de ne pas la considérer comme définitive. L'énergie psychique est soit à l'état d'actualisation, soit à l'état de potentialisation. La conscience éclairée est tout à fait en mesure de re potentialiser des forces psychiques inutilement actualisées et inversement. Cela passe par ce que Berne appelait "la re permission", en se donnant de nouveaux droits". Cependant cette dynamique de changement personnel ne peut se faire une fois pour toutes. Il y a des résistances. Pour que "le vieil homme" (Krishnamurti, 1995) puisse supporter ce processus, il est important de commencer par de petites choses et de répéter les tentatives d'évasion avec persévérance pour que la libération puisse se faire.
4°) Cultiver la néophilie:
Il est fortement conseillé de faire ce 4° exercice qu'après avoir suffisamment expérimenté les 3 premiers. Cela consiste à tenter de faire fréquemment une nouvelle chose qu'on n'avait jamais faite avant d'entreprendre cette transformation. Il s'agit ici de cultiver sa passion du nouveau.
5°) Pratiquer l'exploration ou l'art de la flexibilité interne:
Cela signifie de s'efforcer de trouver un meilleur équilibre entre la conception qui relève de l'exploration et l'action qui incarne l'exécution. Si les résultats ne sont pas au rendez vous cela demande d'explorer d'autres alternatives et de faire preuve de flexibilité dans la réalisation. Le concept d'effectuation résume bien cet énoncé. Pour réussir dans un monde complexe et incertain, il n'est pas toujours efficace de se fixer un plan d'action trop rigide. Dans l'effectuation, ce qui importe c'est de commencer avec ce qu'on l'on a et de savoir saisir les opportunités qui se présentent au fur et à mesure sans craindre de remettre en cause le plan initialement envisagé.
6°) Pratiquer la méthode des lieux :
Il peut - être très utile de se créer des espaces imaginaires dans sa pensée pour pouvoir mobiliser rapidement les ressources cognitives nécessaires. La technique consiste à se construire des "palais intérieurs" pour pouvoir en cas de besoin déplacer très rapidement, en fonction des circonstances, sa conscience dans des espaces cognitifs différents.
7. Ignorer ses pairs
« L’intelligence repose sur la capacité à penser par soi-même, sans s’inquiéter de ce que pense autrui » : L'exercice de la liberté doit se traduire par des prises de position courageuses quand la conviction personnelle est là. Il est important de savoir échapper à la pression de conformité généralement imposée par les pairs, quand c'est nécessaire.
Pour bien mémoriser cette démarche, Idriss Aberkane propose l'acronyme SAINELP: Subjectivité, Application, Impuissance, Néophilie, Exploration, Lieux, Pairs
Libérez votre cerveau avec la neuroergonomie par Idriss Aberkane
Bibliographie et sitographie
Valery P. (1935), Variété III, Le bilan de l'intelligence, 1935)
Dehaene S. (2014), Le code de la conscience, Odile Jacob
Morin E. (1973, Le Paradigme perdu. La nature humaine, Editions du Seuil
Gori R. (2013), La dignité de penser, Actes Sud Editions
Krisnamurti J. (1995), Se libérer du connu, Editions Poche
Aberkane I (2016), Libérez votre cerveau, Robert Laffont
Dürkheim G. (2014), Pratique de la Voie intérieure , Le courrier du Livre
Le site d'Idriss Aberkane
Suivre l'actualité sur Idriss Aberkane
Dehaene S. (2014), Le code de la conscience, Odile Jacob
Morin E. (1973, Le Paradigme perdu. La nature humaine, Editions du Seuil
Gori R. (2013), La dignité de penser, Actes Sud Editions
Krisnamurti J. (1995), Se libérer du connu, Editions Poche
Aberkane I (2016), Libérez votre cerveau, Robert Laffont
Dürkheim G. (2014), Pratique de la Voie intérieure , Le courrier du Livre
Le site d'Idriss Aberkane
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