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Les 4 Temps du Management

Le Temps de l'Action

1.29 L'expérience optimale ou le plaisir au travail !



1. Qu'est-ce que l'Expérience optimale selon le psychologue Mihaly Csikszentmihaly

Que ce soit au travail ou durant vos loisirs, il vous est peut-être déjà arrivé de vivre de temps à autre des moments où vous parvenez à vous focaliser entièrement votre énergie sur la tâche que vous réalisez, où vous vous sentez maîtres du moindre de vos mouvements, où vos pensées s'enchaînent avec élégance, où vos sens paraissent merveilleusement aiguisés, où vos préoccupations quotidiennes disparaissent comme par enchantement.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihaly désigne ce genre d'épisodes par le nom de flow- expérience optimale en français. Depuis près de 35 ans, il accumule les recherches et les ouvrages sur le sujet. Le livre qui l'a fait connaître auprès du grand public est Vivre : la psychologie du bonheur, paru en 1990 aux Etats-Unis et traduit quatorze ans après en France.

Pour Csikszentmihaly, l'expérience optimale est caractérisée par huit éléments :
- La tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière ;
- La cible visée est claire ;
- L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate ;
- La personne exerce le contrôle sur ses actions ;
- L’individu se concentre sur ce qu’il fait ;
- L’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction ;
- La perception de la durée est altérée ;
- La préoccupation de soi disparaît, mais paradoxalement, le sens de soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale.

Examinons un peu plus en détail chaque élément dans un contexte professionnel.

2. Les caractéristiques de l'expérience optimale

2.1 La tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière ;
- La cible visée est claire ;
- L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate.

Ces trois éléments vont de pair et se rapprochent des principes du management par objectif. Même si la tâche est imposée, un individu a toujours une marge de manoeuvre pour l'adapter à ses capacités : il peut par exemple séparer sa tâche en lots plus faciles à aborder et plus courts ou tenter "d'épicer" une tâche qui lui semble ennuyeuse ("ça, je peux le faire sans problème, mais comment le faire plus rapidement, plus facilement, avec une meilleure qualité, etc.") pour la transformer en jeu stimulant !

2.2 La personne exerce le contrôle sur ses actions.
Ce paramètre dépend bien entendu la définition et de la nature de la tâche : moins nous avons de latitude dans la façon d'accomplir notre tâche, plus notre engagement en pâtira.
Il dépend aussi de l'expertise de l'individu. Par exemple, si nous devons constamment interrompre la progression d'une tâche parce que nous ne savons pas comment accomplir telle ou telle action, nous aurons du mal à vivre une expérience optimale !

2.3 L’individu se concentre sur ce qu’il fait ; l’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction.
La concentration est une aptitude essentielle : nous ne donne le meilleur de nous-mêmes que pour les tâches sur lesquelles nous sommes concentrés ! La concentration dépend de la façon dont la tâche a été définie, mais aussi de la motivation intrinsèque de l'individu pour la tâche. S'il est heureusement possible de rester concentré sur une tâche qui ne correspond pas à nos aspirations profondes, l'expérience est clairement plus satisfaisante si elle nous parait importante ou qu'elle est en phase avec nos valeurs et notre personnalité !

Bien entendu, les conditions extérieures affectent la concentration : bruit, va-et-vient, téléphone, mails, etc. Cependant, Il est possible d'améliorer sa capacité de concentration via une activité physique régulière ou des pratiques méditatives.

Pour limiter les distractions, on peut aussi signaler clairement à ses collaborateurs que l'on ne veut pas être dérangés pendant un certain temps, en le disant tout de go ou en mettant un casque audio sur les oreilles par exemple.

L'ordinateur  est une source continue de distractions, entre la messagerie électronique, les flux RSS, les tweets, les recherches sur internet qui dévient de leur objet initial… Fermer un maximum d'applications non directement utiles est une solution, mais on peut aussi avoir recours aux logiciels dit " zenware ", aux fonctionnalités épurées et qui proposent souvent un mode "anti- distraction " pour travailler plus sereinement.

Enfin, lorsque les pensées commencent à vagabonder, il faut faire l'effort de se recentrer sur la tâche en cours, ce qui est plus facile si la tâche a été définie selon les trois conditions énoncées plus haut.

2.4 La perception de la durée est altérée.
Un individu pleinement concentré n'a pas la même perception du temps que dans son état " normal ", par exemple, il peut avoir l'impression que le temps file plus vite ou au contraire qu'il s'étire à l'infini. Afin d'éviter de rater un rendez-vous ou une réunion, l'utilisation d'un chronomètre ou un équivalent informatique comme PC Chrono peut s'avérer judicieuse.

2.5 La préoccupation de soi disparaît, mais paradoxalement, le sens de soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale.
Au cours d'une expérience optimale, l'individu est tellement focalisé sur ce qu'il accomplit qu'il occulte toutes ses autres préoccupations : il ne fait plus qu'un avec sa tâche. Toutefois, après avoir ainsi employé ses capacités au maximum, il pourra se découvrir de nouvelles aptitudes, ce qui renforcera sa confiance en soi. Et le souvenir du sentiment de plénitude éprouvée lors de l'expérience l'apaisera certainement.
En d'autres termes, un individu parvenant régulièrement à un état d'expérience optimale lors de son travail verra sa satisfaction et sa productivité décuplées !

3. Comment cultiver l'état de flow pour développer son efficacité personnelle et .... collective

Cultiver l'état de "flow" est un exercice utile pour apprendre à développer son efficacité personnelle. On peut en s'inspirant des théories des scénarios de réussite de Jerry Fletcher développer sa propre capacité à cultiver cet état "d'expérience optimale". Pour y parvenir, nous proposons aux lecteurs la méthode suivante :

1) Il s'agit dans un premier temps de se remémorer 3 situations passées significatives où nous avons été particulièrement efficace. Il est important de sélectionner des situations de réussite où le succès est venu sans trop de difficultés, avec éventuellement des résultats supérieurs aux efforts investis.

Après cet effort de mémoire, l'exercice consiste à décrire, par écrit, de façon assez précise les différentes étapes des processus cognitifs, émotionnels et sociaux qui ont été mis en jeu. La plupart du temps on constatera avec étonnement que ces processus comportent des similitudes assez étonnantes. En fait, selon Jerry Fletcher, il n'y a évidemment pas de recettes universelles du succès mais c'est comme si chacun d'entre nous avait sa propre recette, son propre formule de réussite.

2) Après cet exercice portant sur 3 expériences passées significatives, le lecteur est invité à repérer les activités, professionnelles ou de loisir, où il réussit le mieux et surtout avec aisance. Nous l'encourageons là aussi à identifier les processus cognitifs, émotionnels et sociaux qu'il met en jeu à cette occasion. Il constatera qu'il y a un lien évident avec les 3 expériences passées significatives.

3) Un dernier aspect de la méthode consiste à cultiver la prise de conscience au quotidien de l'état dans lequel il se trouve quand il effectue une action. Y prend-t-il du plaisir ou pas ? Cette vigilance permettra de repérer, au plus vite, si nous sommes dans le "flow" ou pas. Si nous sommes en dehors, quels processus sommes- nous en train de mettre en jeu ? Nous est-il possible alors de réorienter notre action en appliquant la formule du succès que nous avons identifiée précédemment ?

Cette méthode peut être aussi réalisée en groupe. Selon Jerry Fletcher la dynamique du succès reposerait aussi sur une formule qu'un collectif pourrait consciemment mettre en place.

Conclusion

Le plaisir au travail est à la fois une source d'efficacité et une preuve que nous sommes dans l'efficacité. Il existe deux notions d'efficacité : l'efficacité masochiste qui consiste à " redoubler d'efforts pour atteindre nos buts " et l'efficacité "épicurienne " qui passe par le développement d'une véritable intelligence de l'action.

La réussite en effet n'est pas liée au degré de souffrance éprouvée mais à la pertinence de l'action : si nous souffrons durablement alors que les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts fournis, c'est peut-être tout simplement que nous n’allons pas dans la bonne direction

Bibliographie


Mihaly Csikszentmihalyi : créativité, satisfaction et expérience optimale (en anglais)




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