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Les 4 Temps du Management

Le Temps des Valeurs

4.42 : Les entreprises libérées ont elles une histoire ? : De la doctrine sociale de l'Eglise au Personnalisme (2)


2. De la doctrine sociale de l’église à la philosophie personnaliste

2.1 L'homme au travail dans la doctrine sociale de l'église

La vision de l’entreprise contenue dans la doctrine sociale de l’église rejoint souvent celle des entrepreneurs utopistes sur plusieurs points :

- L’entreprise est avant tout une société de personnes avant d’être une société de capitaux
En 1961, Les encycliques « Mater et magistra » et encyclique « Centesimus annus », écrites par Jean-Paul II définissent l’entreprise avant tout comme une communauté d’Hommes avant d’être une société de capital : « L’entreprise ne peut – être considérée seulement comme une société de capital. Elle est en même temps une société de personnes dans laquelle entrent de différentes manières et avec des responsabilités spécifiques ceux qui fournissent le capital nécessaire à son activité et ceux qui collaborent par le travail. Pour atteindre ces objectifs, un vaste mouvement associatif des travailleurs est encore nécessaire, dont le but est la libération et la promotion intégrale de la personne ».

- La maximisation du profit ne devrait pas être la finalité première de l’entreprise
« Le but de l’entreprise, ce n’est pas uniquement de faire du profit mais l’existence même d’une communauté de personnes qui, de différentes manières, recherchent la satisfaction de leurs besoins fondamentaux » (Encyclique Centesimus annus CA, 35, Jean – Paul II, 1991)
« Toute l’économie et toute la finance, doivent en tant qu’instruments être utilisés de manière éthique afin de créer les conditions favorables pour le développement de Lhomme et des peuples » (Encyclique Benoit XVI Caritas in veritate 65)

- La place des salariés dans l’entreprise
« Au sein d’une entreprise, la richesse n’est pas constituée uniquement par les moyens de production, le capital et les bénéfices, mais elle provient avant tout des Hommes qui par leur travail, produisent ce qui devient ensuite des biens de consommation ou des services. De ce fait, tous les salariés, chacun à son échelon, doivent avoir leur part de responsabilité, concourant au bien commun de l’entreprise et en définitive de la société entière. Il est essentiel de faire confiance aux personnes de développer un système qui privilégie le sens de l’innovation de la part des individus et des groupes, la participation et la solidarité et qui favorise de manière primordiale l’emploi et la croissance" » (Discours de Jean Paul II à la cinquième assemblée de l’Académie des sciences sociales à Rome, 1999)

- Une répartition plus équitable des profils
« Il importe d’offrir à tous nos contemporains un emploi, grâce à une répartition juste et responsable du travail […]. Un écart trop important entre les salaires est injuste, car il déprécie un certain nombre d’emplois indispensables et il creuse des disparités sociales dommageables pour tous »
- Le travail n’est pas une chose. Il contribue à la dignité de l’homme
« La dimension objective du travail ne doit pas prendre le dessus sur la dimension subjective, en enlevant à l’homme ou en diminuant sa dignité et ses droits inaliénables » (Jean-Paul 2, Encyclique Laborem exercens, II. 10, 1981) http://www.doctrine-sociale-catholique.fr/index.php?150

- Les salariés doivent pouvoir être libres de prendre des initiatives dans la zone de responsabilités qui leur ont été définies.
Le principe de subsidiarité est un élément fondateur de la doctrine sociale de l’église qui considère que chaque entité d’un grand ensemble, par exemple un département pour le cas d’un état, possède la capacité de résoudre les problèmes sans qu’intervienne l’instance supérieure. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.

La communauté européenne l’a retenu comme un des principes fondateur dans les paragraphes 1 et 2 de l’article 5 de la constitution : « La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ».

Pour la philosophe Chantal Delsol (1993), la subsidiarité est « un principe d'organisation de la société : elle permet d'attribuer le rôle des différentes autorités. L'attribution des pouvoirs ou la distribution des compétences suit le double principe de la suppléance et du secours.Toute autorité en charge d'un groupe a pour fonction de garantir l'existence de l'objet de ce groupe (et non de le réaliser) ; sa fonction, de suppléance, n'apporte les secours nécessaires qu'en cas de défaillance. L'autorité cherchera alors à susciter de leur part un nouveau dynamisme en leur apportant le secours adéquat à leur faiblesse »

Ce principe nous amène à considérer que les membres d’une équipe ont la capacité de résoudre à leur niveau les problèmes qu’ils rencontrent sans qu’intervienne pour autant la hiérarchie ; sauf en cas de demande expresse de la dite équipe.
L’article 50 de la synthèse du séminaire « Caritas in veritate : La logique du don et l’éthique des affaires » qui a eu lieu en février 2011 au Minesota explicite cette notion de responsabilité amplifiée qui devrait être confiée aux collaborateurs.

« Le principe de subsidiarité renferme une grande sagesse pour les chefs d’entreprise. Il encourage les chefs d’entreprise à utiliser leur pouvoir au service de leurs collaborateurs, de sorte qu’ils se demandent si leur autorité sert le développement de tous leurs salariés. D’une manière plus spécifique, le principe de la subsidiarité encourage les chefs d’entreprise à suivre les trois étapes concrètes suivantes :
- Définir clairement le rayon d’autonomie et de décision de chaque niveau de l’entreprise, de sorte que ce rayon soit aussi grand que possible. Il faut fixer des limites de façon à ce que les marges de manœuvre ne dépassent pas les capacités de la personne ou du groupe d’accéder aux informations nécessaires à la prise de décision et que les répercussions de ces décisions ne dépassent pas le domaine de responsabilité de la personne ou du groupe
- Voir à ce que vos salariés disposent des bons outils, de la bonne formation et de l’expérience voulue pour pouvoir effectuer correctement leurs tâches.
- Accepter le fait que les personnes à qui vous avez affecté des tâches et assigné des responsabilités prendront des décisions en toute liberté, donc en toute confiance, ce qui implique une certaine prise de risque. Il faut donc que les organismes d’affaires faisant preuve de subsidiarité contribuent à la promotion du respect et de la responsabilité réciproques, et qu’ils permettent aux salariés d’attribuer les bons résultats à leur engagement honnête ».

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